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Traitement – Le Quartier du Corbeau

Le Quartier du Corbeau suit la trajectoire d’un quartier et d’une cellule familiale, en plein délitement, face à la misère.

Qui : Anders, un apprenti écrivain, issu d’une famille fauchée.

Quand : 1936, au soir de la Grande Dépression.

Où : Malmö, Suède

Comment : la famille vit sans le sou. Anders tente de percer en écrivant pour sortir sa famille de la misère.

Scène 1 – Terrain vague

Deux enfants se disputent sur un vieux terrain vague. L’un d’eux s’enfuit et franchit la palissade séparant le terrain de la rue, poursuivit par le second. Une fois rattrapé, il lui assène des coups sous les cris d’autres enfants.

Scène 2 – Rue

Un jeune homme, Anders, marche dans la rue. Un discours d’Hitler est diffusé en fond sonore. Il récupère du linge mis à sécher sur une corde, aidé par une enfant, Nina.

Scène 3 – Appartement

C’est le 1er mai. La journée est fériée. Deux femmes discutent ; l’une repasse tandis que l’autre boit une tasse de thé en se basculant dans un fauteuil. Anders entre dans la pièce, les bras chargés du linge sec qu’il tend à sa mère, la femme qui repasse. Ils discutent de syndicalisme. Anders chasse, froidement, la seconde femme, une voisine. Il s’enquiert de nouvelles concernant son père, qui semble avoir trouvé du travail dans la publicité. Les vêtements qu’il vient de faire repasser par sa mère sont des maillots de football. Elle lui parle de l’horoscope du jour et de son climat propice aux affaires.

Scène 4 – Vestiaire

Anders répartit les maillots aux joueurs d’une équipe de football avant le début de leur match. Le footballeur avec lequel il discute, Bengt, lui propose de les accompagner boire un verre après le match, plutôt que de repartir écrire.

Scène 5 – Terrain de football

Anders est en tribune et observe le match. Dans une autre tribune, il reconnaît son père qui assiste au même match.

On apprend les conditions de vie difficile de la famille d’Anders : un père alcoolique et oisif, une mère qui porte sur son dos la charge de la famille.

Scène 1 – Terrain vague

Tandis que des enfants jouent sur le terrain vague, Anders analyse avec son père le match auquel ils viennent d’assister.

Scène 2 – Appartement de la famille

La famille se met à table. On devine que derrière les apparences (le père et le fils sont en costume), la famille est pauvre (le père distribue des prospectus, les serviettes de table ont été volées dans plusieurs restaurants, le déjeuner est frugal).

Scène 3 – Terrain vague

Scène de rue ordinaire. Un vieil homme s’adresse à un enfant au sujet d’un arbre.

Scène 4 – Appartement de la famille

Anders aide sa mère a faire la vaisselle tandis que son père fait une sieste.

Scène 5 – Terrain vague

Tandis que des enfants jouent sur le terrain vague, une jeune fille approche.

Scène 6 – Appartement de la famille

Anders écrit. Une jeune fille entre dans l’appartement et le salue. Elle lui parle d’un concert qui se jouera le soir même. Il lui répond qu’il doit écrire, jour férié ou non. Ils parlent du père de la jeune fille, récemment décédé. Anders le critique pour son manque d’éducation et ses provocations répétées à l’encontre des nazis. Ils discutent ensuite du livre d’Anders en cours de rédaction. La jeune fille s’en va. La mère d’Anders retrouve dans chacune des poches du manteau de son mari les prospectus qu’il devait distribuer. Elle décide de le faire à sa place, par honnêteté pour le commerçant lui ayant fait confiance. Anders tente de la retenir sans succès. Son père explique à son fils les raisons qui l’ont poussé à suspendre sa prospection : dans l’un des immeubles visité, sur l’une des boîte aux lettres, il a reconnu le nom de son ennemi juré : David Franzén. Par honte, il s’est enfui et s’en allé se soûler. Honteux de sa condition, il se réfugie derrière la conjoncture économique pour justifier ses difficultés. David Franzén, lui, est issu d’un autre monde, de ce monde qui fréquente le Savoy, et dont le père d’Anders conserve un souvenir ému. Le père d’Anders semble vouloir donner le change, en énumérant de manière très précise les souvenir qu’il possède de certains alcool hors de prix (Hennessy, Martell, Le Cordon Bleu, Mathusalem, Renault, Courvoisier, Le petit Caporal), et en avouant avoir une profonde affection, malgré leur pauvreté, pour les produits de luxe. Anders le remet à sa place, en lui reprochant son alcoolisme, financé par le peu d’argent gagné par sa mère / sa femme. La famille cumule trois mois de loyer impayés. Anders finit leur discussion par ses mots : on est coincés.

Scène 7 – Extérieur

Un feu d’artifice est tiré pour le 1er mai. Anders y assiste. Le père d’Anders est de nouveau couché sur le canapé de l’appartement familial, semblant ne pas avoir décuvé.

Scène 8 – Usine

Anders travaille dans une usine de métallurgie.

Scène 9 – Un magasin

Anders et Elsie, accompagné par deux enfants (Nina et un petit garçon répondant au prénom de Kjell-Åke) du terrain vague, visite un grand magasin pour y manger des glaces. Ils s’amusent à emprunter le nouvel escalator qui vient d’y être installé.

Scène 10 – Terrain vague

Anders et ses amis s’amusent à monter sur un mur séparant le terrain vague d’un jardin dans lequel une cabane abrite les rendez-vous amoureux.

Scène 11 – Arrière-cour

Les enfants jouent sous le regard du vieille homme et la surveillance d’Anders en pleine lecture du journal. Il échange des gestes d’affection avec Nina qui lui apprend que Kjell-Åke est malade (surconsommation de glaces la veille).

Un habitant de l’immeuble meurt.

Scène 12 – Terrain vague

Quelques jours plus tard. Anders est en train de revenir chez lui. Devant son immeuble est stationnée une ambulance dans laquelle une civière est embarquée, suivie par une femme qui grimpe à l’intérieur. Une foule est massée autour d’elle. L’ambulance s’en va, poursuivie par des enfants. Anders est touché. Il observe une femme, âgée, danser, à sa fenêtre.

Scène 13 – Cimetière

Un cercueil est porté jusqu’au cimetière. On apprend qu’il s’agit de Kjell-Åke. Devant sa tombe, Anders lui fait la promesse qu’il sera le sujet, un jour, d’un de ses romans.

Scène 14 – Terrain vague

Alors que des enfants jouent au ballon, Anders, l’esprit ailleurs, écoute Bengt lui faire la lecture du journal. La vie semble avoir reprit son cours malgré le drame. Ils discutent des Jeux Olympiques de Berlin, de voyager à Paris, des femmes parisiennes.

Anders reçoit une lettre d’un éditeur.

Scène 15 – Terrain vague

Le vieille homme jure fidélité au seul arbre du terrain vague. Anders traverse le terrain vague à vélo, accompagné par Elsie. Une lette lui est remis par le facteur. Il s’en va prévenir ses parents.

Scène 16 – Appartement de la famille

Son roman va être publié. Il est invité à Stockholm pour en parler. Son père, heureux et fier, lui donne des conseils pour se donner une certaine contenance. Touché, troublé, il s’en va faire des gargarismes avec un verre d’alcool, et lui donne une leçon, mi-théâtral, mi-sérieux, sur la façon de refuser un contrat, sur le milieu des affaires et sur la manière de tenir un cigare. Ils finissent tous trois, assis les uns sur les autres, sur une chaise à bascule, à célébrer la réussite d’Anders.

Scène 13 – Train

Débutant dans l’appartement et se poursuivant dans un train, Anders raconte à ses parents le sujet de son roman : le terrain vague, sa famille, leur immeuble, leur quartier, celui du Corbeau, ses habitants, sa pauvreté, sa misère, la péritonite de Kjell-Åke, passée pour une indigestion.

Anders arrive à Stockholm afin de rencontrer son futur éditeur.

L’objectif est définit : porter la voix du Quartier du Corbeau.

Scène 1 – Bureau de Monsieur Olofsson.

Anders pénètre la maison d’édition Albert Bonnier. La secrétaire de Monsieur Olofsson le guide jusqu’à son bureau.

Scène 2 – Gare de Malmö

Anders revient à Malmö. Ses parents et Bengt viennent le chercher à la gare. Il descend du train, le visage assombrit.

Scène 3 – Appartement de la famille

Anders semble abattu. L’éditeur n’avait aucunement l’attention de le publier mais plutôt de l’encourager à continuer, de soutenir, selon ses dires, « un cri sans articulation ». Ils sont interrompus par deux hommes qui reconduisent son père, soûl, blessé, et retrouvé en train de parier et de perdre aux courses l’argent destiné à une sortie au cirque. Mère et fils sont désabusés. C’est la sortie que la famille s’accorde une fois par an. Cet événement fait rejaillir des souvenirs. Sa mère regrette de ne pas avoir été en mesure de s’occuper de lui, enfant. Son travail était sa priorité pour nourrir sa famille. Anders promet à sa mère de les faire quitter le Quartier du Corbeau avant qu’elle ne vieillisse. Gonflé par les remords, elle se souvient d’une soirée au cirque en compagnie d’Anders, comme une bouée à laquelle se raccrocher, parmi les regrets. Son père, qui les écoute, quitte l’appartement pour ne pas ressentir de culpabilité.

Scène 5 – Jardin botanique

Anders retrouve son père, attablé devant un verre en compagnie d’un alcoolique qu’il écoute d’une oreille. Anders refait le bandage qui recouvre ses blessures. Il demande à son père des explications. Lui, feint de ne pas comprendre. Ses pertes aux courses devaient, selon lui, les aider.

Scène 6 – Terrain vague

Anders raccompagne son père, encore alcoolisé. Ce dernier lui raconte des souvenirs de Stockholm. Embellis. Il lui raconte aussi, ses échecs. Anders pousse son père dans ses retranchements, le confronte à ses dires, à son alcoolisme, face aux précieux conseils, sans épaisseur, ni profondeur, que ce dernier lui prodigue à longueur de temps sur la façon faire du commerce et sur le monde des affaires. Son père feint de ne pas comprendre et s’en va sans l’écouter.

Scène 7 – Appartement de la famille

Anders déplie un lit de camp pour son père et l’écoute élucubrer sur ses échecs existentiels. Il arrête de faire le lit de son père et le laisse endormi, assis par terre. Il comprend qu’il ne représente symboliquement rien dans la vie de son père.

Scène 8 – Rue

Anders erre dans la rue. Elsie l’observe depuis chez elle et le rejoint dans la rue. Elle tente de le réconforter. Il parle de son roman, qui n’était pas assez bon, qu’il a crié assez fort, qu’il a été entendu, mais que personne ne l’a écouté. Il raconte à Elsie ce qui s’est réellement déroulé à Stockholm chez son éditeur. Un malentendu a jeté un froid dans les discussion qu’il a eu avec son éditeur : celui de ne pas savoir ou de ne pas connaître les auteurs que l’éditeur citait pour l’aider dans son travail ; Anders connaissait uniquement ses personnages du quotidien, les ragots et les histoires de son quartier, les problématiques et les tensions du quotidien. Il finit par affirmer que l’on n’est pas, que l’on ne devient pas, par nature et par naissance, un individu qui se définit par essence par la condition de ses parents.

Scène 9 – Lavoir

Ils s’endorme ensemble dans le lavoir du quartier.

Anders va apprendre une nouvelle qui va modifier son mode de fonctionnement et de réflexion.

Scène 10 – Terrain de football

A l’aube, Anders et des amis se réunissent sur un terrain de football pour jouer au ballon. Ils discutent de l’avenir de Bengt dans un grand club (afin d’être en capacité de visiter Paris).

Scène 11 – Mer

Bengt et Anders se baignent.

Scène 12 – Appartement de la famille

Elsie, annonce à la mère d’Anders qu’ils attendent un enfant.

Scène 13 – Appartement de la famille

Anders et son père écoutent les Jeux Olympiques à la radio. Elsie les interrompt pour lui parler. Il la repousse avant de se raviser. Elle lui annonce qu’elle est enceinte. Anders est décontenancé. De son côté, il a arrêté d’écrire.

Scène 14 – Terrain vague

Anders, sous la pluie, sous le regard d’Elsie, est décontenancé.

Scène 15 – Jardin botanique

Anders erre, dépité. Il rejoint son père, surpris, attablé devant une bouteille. Il lui demande ce qu’il va devenir. Il lui demande des réponses en tant que père. Pour seule réponse, la seule qu’il sache donner, son père lui conseille de boire et de monter dans la cloche de Picard (métaphore utilisée lorsqu’il était saoul). Anders tente de donner du courage à son père en lui demandant ce qu’il doit faire, mais aussi de ne pas baisser les bras (lui qui semble avoir été père au même âge). Puis il lui demande une raison de le respecter (au-délà de son silence et de son alcoolisme). Il lui demande de pouvoir le regarder comme il faisait quand il était enfant, avec admiration et fierté. Son père lui répond qu’il coule. Anders l’empoigne et lui assène des coups. Son père se laisse faire. Il lui confie que depuis des années, il se laisser aller, après avoir surpris sa femme avec leur voisin, Torngren. Treize ans auparavant.

Scène 15 – Jardin botanique

Tel un enfant, au milieu de la foule, Anders observe un spectacle d’automates. Son père le tire de la foule, et le fils lui rend une flasque, vide.

Scène 16 – Appartement de la famille

Anders et son père rentre tous les deux ivres. Et ne manquent pas, par vengeance ou par provocation, de réveiller la mère.

Au-delà de l’annonce de sa paternité, ce sont les secrets de famille qui le touchent le plus, en modifiant sa vision de la structure familiale.

Scène 1 – Terrain vague

Une radio annonce l’avènement futur d’un gouvernement national-socialiste. Le vieil homme s’avance en menaçant le vieil arbre du terrain vague. Il le scie. L’arbre tombe sans que l’on ait compris ce qu’il lui reprochait.

Scène 2 – Appartement de la famille

La mère d’Anders demande à son fils ce qui ne va pas. Il la confronte à ses erreurs de jeunesse. Elle lui raconte la vérité. Elle lui raconte par ailleurs, un drame, celui d’avoir eu recours à une interruption de grossesse, seule. Anders la prend dans ses bras, et lui conseille d’aller voter pour lutter contre l’avènement du nazisme (et l’avènement d’un gouvernement national-socialiste). Face à l’inaction de sa mère, il se met en colère, en lui demandant si sa cartomancienne, aura plus d’impact sur leur vie que de se rendre aux urnes.

Scène 3 – Bureau de vote

La mère d’Anders se rend au bureau de vote afin de voter contre les nazis.

Scène 4 – Cabane du jardin

Anders discute avec Bengt Sixten au sujet de son prochain départ en Europe, et de son passage à Paris. Il lui explique combien il est heureux de quitter la misère du quartier. Déprimé, Anders l’écoute. Alors que Bengt s’en va, Anders le rattrape et lui demande de l’accompagner à Stockholm (et pour sa tournée en Europe).

Scène 5 – Appartement de la famille

Anders prépare sa valise mais il est surpris par sa mère qui revient du bureau de vote. Elle lui demande de rester pour son enfant. Il lui répond qu’elle ne peut pas comprendre ce qu’il ressent. Et ce qu’il adviendra si elle le force à rester. Ce-faisant, il pointe son menton vers la fenêtre : au bout du terrain vague, apparaît son père, habillé de deux pancartes, en homme-sandwich. C’est cette misère qu’il souhaite quitter et fuir, pour ne pas qu’elle se reproduise en lui. Son père entre dans l’appartement, ote son panneau d’homme-sandwich et s’effondre sur le canapé. Son fils s’enfuit.

Scène 6 – Terrain vague

Des enfants jouent sur le terrain vague tandis qu’Anders le quitte.

Scène 7 – Appartement de la famille

Sa mère ferme la porte de l’appartement familial, désemparée.

Scène 8 – Rue

D’un pas décidé, Anders marche dans la rue vers la gare.

Générique de fin.

Découvrir l’analyse du film Le Quartier du Corbeau

Date de sortie : 18 octobre 1973
Durée : 90 min
Genre : Drame
Réalisation & Scénario : Bo Widerberg
Comédiens : Thommy Berggren, Keve Hjelm, Emy Storm
Titre original : Kvarteret Korpen

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