Le pitch
L’itinéraire introspectif, solitaire et cynique de Michel, jeune homme convaincu que la pratique du vol à la tire est réservée à une élite dont il serait issu, et qui élève au rang d’art les différentes techniques employées par les pickpockets.
Une scène
Robert Bresson est un cinéaste chez qui les mains sont érotiques. Reconnu pour cette fixation, il les exploite et elles s’expriment. Ainsi voit-on les mains de Michel s’exercer, maladroitement pour débuter, devenir expertes, s’envoler, plonger, voltiger, soulever, refermer, voler, dérober, passer d’un revers de veste à un sac à main, de poches en poches, équilibristes, trompe-la-mort, dans une chorégraphie, d’abord fébrile, devenir sensuelle, virtuose. Des tours dira Michel. Magnifique.
L’analyse
Robert Bresson filme à cru. Il sonde et montre les âmes, les itinéraires parsemés de chutes, de personnages à la Dostoïevski, galvanisé par un dépouillement total des éléments dramatiques et porté par la sobriété de ses dialogues, taillés à vif. Hitchcock, dix ans plus tôt, signe La Corde, dont la thématique du crime, réservé lui aussi à une élite, sous-tendue par la sexualité de ses personnages, est de nouveau exploitée par Bresson ; en empruntant cette fois-ci au vol, une érotisation retenue, pour ne pas dire volée, aux relations entretenues par les personnages, qui vont, viennent, entre les différentes sessions de « tire ». En y ajoutant le son de la pauvreté (craquement des souliers usés, monologue monocorde, portes et parquets qui grincent), et l’image de la misère. Un chef-d’oeuvre.
Méta

Date de sortie : 16 décembre 1959
Durée : 76 min
Genre : Policier, Drame
Réalisation et scénario : Robert Bresson
Comédiens : Martin LaSalle, Marika Green, Pierre Leymarie