Le pitch
L’épouse et la maîtresse d’un directeur de pension, cruel et violent, se lient et imaginent un plan diabolique afin de le faire disparaître.
Deux scènes
Comment ne pas s’éblouir devant la scène du meurtre ; les deux femmes ayant maille à partir avec l’époux, l’amant, mais avec, surtout, leur propre peur. Comment ne pas s’effrayer du visage de Paul Meurisse, très graphique, les yeux révulsés, du cadavre, du noyé, qui vient d’expirer après avoir poussé son dernier râle, dans l’eau ; quelques bulles, s’échappant de la bouche du défunt, faisant office d’âme qui s’échappe. Comment ne pas s’émouvoir du sang-froid méthodique, effrayant, d’une Simone Signoret aux gestes secs, mathématiques, médicaux, qui semble avoir tué toute une vie nombre de ses amants ?
Comment ne pas s’éblouir devant la scène finale ? A quelques secondes du dénouement de l’intrigue, Vera Clouzot, l’épouse, à bout, malade, poursuit ce qu’elle pense être le fantôme de son mari. Jouant d’abord le rôle de prédateur, en chasse, elle devient rapidement la proie d’une situation qu’elle n’aura, finalement, jamais contrôlée. S’enchainent alors par un savant montage, les derniers instants d’un combat déjà perdu ; qui a fait disparaître le corps de son mari et pourquoi ? Avant que ne se délivre un double twist mythique.
L’analyse
Tiré du roman Celle qui n’était plus des romanciers Boileau-Narcejac (à qui l’on devra le scénario original du Sueurs froides / Vertigo d’Alfred Hitchcock), Les diaboliques est une oeuvre magnétique portée par le duo iconique Vera Clouzot / Simone Signoret, épouse et maîtresse sous le joug d’un directeur de pension tyrannique ; l’une est une enclume que rien n’arrête, l’autre, une plume vacillante et fragile qui s’effondre à chaque nouvel élément dramatique. Portés par de futures têtes d’affiches (Paul Meurisse, Charles Vanel, Michel Serrault, Noël Roquevert, Robert Dalban, Jean Lefebvre), ce couple improbable, lié par ce crime, perd tout contrôle lorsque le corps disparaît, et s’enfonce dans un huit clos fascinant et anxiogène, au coeur d’un pensionnat aux abois, face à la disparition de son directeur. Un sommet de tension et de suspens dont Alfred Hitchcock s’inspirera, tant pour son double twist final que pour son avertissement pré-générique, invitant les spectateurs ayant vu le film à ne pas dévoiler les secrets de son dénouement. Un art.
Méta

Date de sortie : 29 janvier 1955
Durée : 117 min
Genre : Film noir, Drame, Thriller
Réalisation : Henri-Georges Clouzot
Scénario : Henri-Georges Clouzot et Frédéric Grendel
Comédiens : Simone Signoret, Vera Clouzot, Paul Meurisse, Charles Vanel, Michel Serrault, Noël Roquevert, Robert Dalban, Jean Lefebvre, Johnny Hallyday