Le pitch
Les destins croisés de Cheung, Didi et Amy, immigrés chinois parachutés dans le Queens à New York, dont les histoires gravitent autour d’un salon de massage ; jusqu’à ce qu’un drame viennent rompre les équilibres précaires, les frappe, les sépare, et les rassemble.
Une scène
Didi et Amy sont deux employées d’un salon de massage. Sur la porte, un panneau met en garde les clients : No sexual services. Pourtant les demandes sont nombreuses auprès des deux salariés, dont les conditions d’immigrées, l’exil et le déracinement, rendent fragiles ; les sollicitations font parties du jeu et ne semblent émouvoir personne, notamment parce que les clients sont majoritairement masculins. Ils viennent chercher ce qu’ils ne trouvent ailleurs : du contact, de la chaleur, une présence. Lorsque un drame survient pourtant, brutalement, la souffrance est abrupte, étouffée, obligatoirement vécue dans l’intimité la plus stricte. Sans vague, silencieuse, parce que la vie ne permet pas la révolter dans un pays qui n’est pas le sien. Loin des siens.
L’analyse
Drame sur l’immigration, Blue Sun Palace est un mirage, un rêve, celui de rêver posséder son propre restaurant, imaginé depuis les petits box d’un salon de massage impersonnel autour duquel s’articule le récit ; ce même récit, sournois, qui débute en jouant un tour au spectateur : tourné intégralement en mandarin, l’histoire se déroule pourtant aux Etats-Unis ; ce que le spectateur met plusieurs minutes à comprendre. Ni en Chine, ni en Asie. L’absence de données spatiales et temporelles semble voulue ; elle déstabilise le spectateur, autant qu’elle permet au récit de retranscrire la capacité d’une communauté à s’adapter sans vaciller. Ce n’est pas la Chine, et pourtant cela y ressemble. On y vit, on y travaille, on s’y nourrit, on y sort. Ensemble. Entre soi. Unis par la langue et les origines. Cette foi, cette conscience, sera pourtant ébranlée par la survenue d’éléments dramatiques, qui projetteront et chasseront loin le rêve imaginé : l’Amérique, violente avec ces immigrés, en rejet avec ses minorités, qui l’ont aidé à se construire ; elle, l’empire, censée rassembler et défendre toutes ses composantes, n’a rien d’une mère nourricière et protectrice. Mais d’un loup. Car tout ce qui touche le salon, tout ce qui revêt un caractère américain n’est qu’agression : l’argent, la domination, le sexe, la violence. Blue Sun Space, c’est cela, un rêve mélancolique, une finalité obsédante, mais un rêve brisé lorsqu’il s’agit d’offrir les mêmes droits aux nouvelles générations d’immigrés. Alors on se protège, on s’enferme, dans des microcosmes communautaires ou dans la solitude hantée de l’exil. A méditer.
Méta

Date de sortie : 12 mars 2025
Durée : 116 min
Genre : Drame
Réalisation & scénario : Constance Tsang
Comédiens : Wu Ke-Xi, Lee Kang-sheng, Haipeng Xu